samedi 16 septembre 2017

LEOPARDI : A Silvia

Giacomo Leopardi: "A SILVIA" - Le Videopoesie di Gianni Caputo

Traduction de  René de   Ceccaty


Sylvia te souvient-il  encore 
De ce temps de  ta vie  mortelle
Quand  la beauté  resplendissait
Dans tes  yeux  rieurs et  fuyants,
Et que, pensive et  gaie  tu  gravissais
Les  premières  marches de  la  jeunesse?

Les  pièces de la  maison
Et  les rues  voisines
Résonnaient de  ton  chant  continu
Tandis qu’assise, tu  t’occupais
Aux tâches des femmes,  plus que contente
De ce  vague  souvenir que tu  avais en  tête.
C’était  le  mois de  mai  parfumé : c’est ainsi  que  d’ordinaire
Tu passais tes  journées.

Je délaissais  parfois  mes douces études
Et mes  notes  laborieuses,
Auxquelles  je  consacrais  la  meilleure   part
De mes  premières années et de   moi
Tendant  l’oreille au son de  ta  voix

Par-dessus  les balcons de la demeure  de  ton  père,
Et au bruit de  ta main rapide
Sur ton métier  à  tisser.
J’observais  le  ciel  bleu,
Les rues  dorées et  les  jardins,
D’un côté  la mer lointaine, de l’autre  la montagne.
La  langue des  mortels  ne  peut  pas exprimer
Ce que je ressentais  au  fond  de  ma  poitrine.

Quelles suaves  pensées,
Quels  espoirs,  ô  ma  Silvia,  quels cœurs  battants
Comment   nous apparaissaient   en  somme
La vie   et  le destin des  hommes !
Quand  je me  rappelle   ces  moments,
D’espérance, un sentiment
M’oppresse, poignant,  inconsolable,
Et  je souffre  à  nouveau  de mon si  grand  malheur.
Nature,  nature  impitoyable
Pourquoi n’accordes-tu  jamais,
Ce que  tu  nous  promettais ?
Et  pourquoi  réserver   à  tes  fils tant d’erreurs ?

Toi,  avant que  l’hiver  ne  dessèche  les herbes,
Par  un mal  très  étrange, assaillie  et vaincue,
Tu  périssais,  ma  pauvre  enfant.  Sans  voir s’épanouir
Les fleurs de  ta jeunesse.
Ni ton cœur  s’attendrir  sous de  douces  louanges
Pour  ta brune  chevelure ou  pour  tes yeux languides et  timides.
Nulle compagne  le  jour de  fête
Ne venait  avec toi  se  confier  sur  l’amour.
Mon  doux espoir   se  mourait
De même  en  peu  de  temps : le destin
De même   a refusé  à  ma vie
La jeunesse. Comment  hélas  tu  es  passée,
Chère compagne  de  mon jeune  âge,
Espérance  noyée  de  larmes !
C’est donc  cela  le  monde ? Cela,
Les  plaisirs,  l’amour,  les créations,  les évènements,
Dont  nous avions tant  parlé  ensemble ?
Quand  la vérité  pouvait enfin  apparaitre,
Pauvre  enfant  tu  es tombée. Et tu s indiqué
D’un geste   de la main,  la froide mort au  loin
Et  une  tombe  nue.

 

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