dimanche 14 août 2016

Safy Nebbou, Dans les forêts de Sibérie (2016)


Un film de Safy Nebbou,
librement adapté du roman de Sylvain Tesson
Musique d’Ibrahim Maalouf


Je suis sortie de la salle toute éblouie par la lumières de ces paysages sibériens. Un peu plus tard je me suis dit que le film manquait peut être d’un peu de consistance.

L’intrigue est maigre : une rencontre improbable dans des lieux improbables, un rêve de retour aux sources pour l’un, une errance expiatrice pour l’autre, une amitié solide qui se noue entre deux hommes si différents, deux solitudes qui se croisent, le thème n’est pas original.

La nature sauvage de la Sibérie avec les splendeurs d’un lac Baïkal filmé au fil des saisons et des heures serait-elle le seul mérite du film à provoquer l’enchantement ?

C’est possible mais cette débâcle interminable évoquant un tableau de Friedrich bien connu, la puissance des sautes d’humeur des éléments sous des latitudes que bien peu d’entre nous auront affrontées justifie déjà notre enthousiasme. C’est une succession d’images à couper le souffle, la suggestion efficace de sensations fortes au service de l’imaginaire du froid, de la glace, de la neige, c’est le miroir étincelant et infini du lac qui vient à se briser, exploser à l’arrivée du printemps dans le grondement titanesque remontant de ses profondeurs insondables.

Mais il y a aussi ces deux hommes qui malgré la maigreur du scenario grandissent, s’enflent à la réflexion, au fur et à mesure que notre curiosité les rattrape.
 
Nous voulons crédible leur belle amitié où l’essentiel des échanges limités par la barrière de la langue se réduit le plus souvent aux gestes et aux regards. Le plus jeune ne parle que quelques mots de russe. Il nous apparaît un peu naïf, fragile dans ce contexte d’une nature si sauvage. Mais c’est cette innocence qui va les attirer l’un vers l’autre en réveillant le sentiment protecteur chez le plus vieux, fugitif, banni par les siens, condamné à errer aux portes de l’Enfer pour une faute commise dans un de ces moments d’égarement qui décident de toute une vie.

Dans ces longues années passées dans l’isolement de ces lieux hostiles il a apprivoisé le désert glacé, il connaît ses pièges, il peut transmettre son savoir au jeune candidat à l’ermitage mais il sait que là n’est pas la place de l’Homme, que cette beauté glace le cœur sans l’apaiser et dans un sublime sacrifice que lui offre le hasard de cette rencontre, il va renvoyer son compagnon vers le monde des hommes.

L’aventure se déroule sous nos yeux, toujours couverte par le spectacle de la nature auquel le réalisateur réserve constamment le premier rôle. Cette relation qui n’est absolument pas construite dans un registre minimaliste donne à l’ensemble un étrange sentiment de pudeur, une pudeur si souvent absente des productions cinématographiques et qui pourrait bien vouloir rappeler la portée dérisoire des actions humaines.

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