samedi 10 octobre 2015

Madame H. , Régis Debray

Je viens de  lire  Madame  H. de  Régis Debray  .
H c'est   l'Histoire 
et le propos  voudrait  (il me semble), mettre en évidence  l'Histoire devenue  impossible  car   l'histoire  a  besoin  de Héros  ,  de  phares,  de  grands  hommes   , surement  à son sens d’idéaux  ,  et  que notre époque  n'en  a  plus , mais seulement  de  petits hommes  ,  dont  les  rêves  rasent le   sol  ,   et  se sont   soumis par opportunisme   qui  s'est  transformé  en   nature   ,  à  la bourse , aux  marchés,  à  l'intérêt ,  à la  pub,  au rentable , au jetable   .....
Ce déclin   R.Debray  nous le  faire  lire  au travers de  sa propre biographie . C'est sa vie qu'il  nous raconte  ,  avec ses espoirs   et  ses désillusions. , le partage  dans l'ombre des existences    de ces géants qu'il  a  côtoyés  Sartre,  De Gaulle,  Malraux,  Mitterrand,  aussi Gary etc...
Ce  déclin  semble   bien  être  son propre  déclin  , et peut être   ce retrait  qu'il  a choisi  par  rapport  au  monde  ?
Et  pourquoi    parle-t-il  si   peu  de ses  grandes  heures de   gloire   dans l'épisode   Che   Guevara  ?
Pourquoi  minimiser  ce  qui aurait   pu  lui conserver  son  auréole ?
Son dieu  argentin   est  mort   tout comme  le dieu  de   sa culture  , alors  il  semble  dire  :  voilà  pour preuve   , tout   fout  le camp  et  c'est  ainsi  , je   partirai  aussi  bientôt  et  serai aussi  vite  oublié  .
"Que le  diable t'emporte   , vieille   Europe"  semble résonner  à la fin de  son  livre  comme l' adieu désabusé   du  Crabe-tambour.

Parce  qu'il  a choisi pour illustrer  ce  déclin  la sphère   la part la  plus  prosaïque  de son  existence , celle des antichambres ,  ses  arguments ne  sont  pas assez  convaincants  Pardonnez-moi  ,  Monsieur   Régis  Debray  qui  fûtes  un  de   mes  phares  dans un" itinéraire  du divin"(1) et  l'approche  du  sacré (2) .J'attendais de  vous  des arguments plus forts pour   définir   cette  décadence  dont  nous sommes  tous  convaincus  de  sa réalité  mais sans certitudes pour en expliquer les  moteurs,  ni en  préciser la sphère .

Le changement   version  Michel  Onfray  est   beaucoup  plus  vitaliste   , plus  bruyant   mais aussi  plus  lumineux  Il est  vrai   que  Michel  Onfray  est   plus  jeune  (nous sommes  de  la  même   génération   Mr  Debray).Michel   Onfray  n'a pas votre  réserve,  Michel  Onfray  se  bat   "à  coup de  marteau"
Lui  semble  avoir  adopté  le  changement  et  me  parait   prêt  au  transhumanisme . Et  cependant  les  médias  , les  mettent  dans le  même   panier  des défaitistes-empêcheurs de  tourner  en  rond, oiseaux de mauvaises  augures ,"nouveaux- réacs déclinistes, pessimistes  " accrochés  à la vieille  identité nationale   et   à  ses  valeurs obsolètes  .
Je pense  que la plupart  de ses détracteurs ne  l'ont pas seulement  lu . Il  ne  fait  pas  partie   du  sérail   il  n'est pas  élitiste  , il  a déboulonné  l'idole qui  nous donnait sur le divan,  l'absolution hors confessionnal , autant  de raisons  suffisantes à justifier  la  cabale  dont il est  victime  .
Onfray  donc  voit plus un  changement  qu'un  déclin mais  lui aussi    la fin  de  l'Europe,d'une  europe, qui  pourrait , devrait  être le  commencement  d'autre  chose.
Comment, pourquoi ,  défendre  les valeurs  d'une  culture  dont il  dénonce les égarements  où  l'ont conduit sa religiosité   ?
Ce serait  négliger  sa défense  farouche  de  l'athéisme avec sa recherche  d'une  morale   laïque  , le pivot  de sa  philosophie,  son étendard .
S'il  nous fallait  un  héros  ,  un  Don Quichotte   nous  l'avons  trouvé  .

Mais  je n'ai  pas le   courage  de  la radicalité  de .M.Onfray. Je ne peux  pas  rayer  d'un  trait  de  plume   plus de  2000 ans de  culture  judéo-chrétienne  ; j'ai  besoin  de   tout  ce  que  nous avons  glané  au cours de   ce  fameux itinéraire  qui  mena  à  la   mort  de   Dieu, besoin  de mémoire,  besoin  de  cathédrales , besoin de  musique  sacrée  Bien que  je partage  votre   nostalgie  Mr  Debray ,  pour nos générations futures  il  faut   emboiter le  pas  de  notre  nouveau  croisé afin  de leur donner la  puissance  d'exister,(3) qu'elles  croient  encore et s'investissent pour l'espérance en de  beaux  lendemains qui seront  les leurs et  que nous ne  verront  pas .

( 1 Dieu  un intinéraire)
(2 Le feu  sacré) 
(3) De Michel  Onfray 

Demain  les dieux 10.10.2015

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