mardi 25 mars 2014

Botticelli par Sunny Winter

Je reproduis  ici  avec son  autorisation  l'article  de Sunny  Winter  qui  classe ce peintre parmi  ses préférés . Nous partageons   bien entendu  son  opinion  et cet  article  complète  avec bonheur   les quelques pages que nous avons  déjà  publiées  ici sur ce maitre  de la renaissance italienne.
Merci  à  Sunny.
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Sandro Botticelli

Si j'aime certains peintres plus que d'autres, c'est parce qu'ils me touchent, qu'un courant émotionnel passe entre leurs toiles et moi, que leurs œuvres me parlent, me plaisent, me donnent du bonheur.

Le premier de ces peintres est Alessandro Di Mariano Di Vanni Filipepi, dit Sandro Botticelli. Tout chez lui est élégance, finesse, reflet parfait de cette Florence des Médicis, à la fois délurée et prude, gorgée d'or et d'art, symbole de cette Renaissance qui allait déferler sur toute l'Europe.

Elève de Fra Filippo Lippi, il va prendre sa succession, former son fils Filippino et dépasser son maître. De Fra Lippi, il retiendra la grâce des madones et Filippino Lippi sera le modèle de son Saint-Sébastien, qu'il peint en 1474 sur un pilier de l’Église Santa Maria Maggiore.

Fra Filippo Lippi – Madone de Roccie


Sandro Botticelli – Saint-Sébastien
C'est par la peinture allégorique de La Fortezza (la force), commandée par le Tribunale della Mercanzia en 1470, que Botticelli entre dans la cour des grands et devient une des célébrités artistiques de Florence.

Fortezza 

L'atelier Botticelli connaît alors une période de création intense. Parmi les tableaux connus, on notera au fil des ans
  • Adoration des Mages (1474)
  • Portrait d'homme avec la médaille de Cosme de Médicis (1475)
  • Portrait de Julien de Médicis (1476)
  • Vierge à l'enfant et huit anges (1478)
  • Saint Augustin (1480 – Église Ognissanti)
Vierge à l'enfant avec huit anges



L'année suivante, en 1481, Sandro est appelé à Rome, par le pape Sixte IV, pour travailler sur des fresques à la Chapelle Sixtine.

C'est en 1482 que Botticelli réalise la superbe fresque, Le Printemps, pour la famille Médicis, dans un style mythologique et allégorique. On y reconnaît la belle Simonetta Vespucci, que les florentins appelaient « La sans pareille » et qui passait pour être la plus belle femme de son temps. Selon certaines sources, elle serait représentée deux fois dans l’œuvre, à la fois sous les traits de Flora à droite et sous les traits de l'une des Trois Grâces (celle de droite, également). Simonetta meurt prématurément de tuberculose, en 1476, à l'âge de 23 ans. Pourtant quelques six ans plus tard, c'est elle que choisit Sandro pour le visage de Flore et la jeune femme morte devient une déesse délicate, au sourire léger, au front serein, si belle, si vivante. Femme idéale, femme rêvée, de Botticelli, elle restera son modèle et figurera dans plusieurs de ses tableaux, même des années après son décès. L'artiste était-il amoureux de la belle ? En tout cas, il demandera et obtiendra, d'être enterré à ses pieds dans l’Église Ognissanti.


Le printemps


Détail de Flore dans Le Printemps


C'est encore en puisant dans la mythologie, que Botticelli décore les murs de la villa Lemmi en 1483. La fresque Vénus et les trois Grâces offrant des présents à une jeune fille est un modèle de délicatesse.

Détail de Vénus et les trois Grâces offrant des présents à une jeune fille


Vers 1485, Sandro Botticelli peint son tableau le plus célèbre : La naissance de Vénus. Une fois de plus, il rend hommage à la beauté de « La sans pareille ». La déesse de l'amour, ce modèle de beauté, de grâce et de perfection physique, c'est elle!
Le tableau, conservé à Florence, au Musée des Offices, est non seulement un chef d’œuvre, mais un rêve qui a pris forme. Malgré sa nudité, le corps de la déesse n'a rien de provoquant, il a la blancheur candide du marbre, le geste est pudique, l'expression est sereine, le regard lointain, rêveur … Le visage de Vénus a une beauté intemporelle, qui ne déparerait pas dans une bande dessinée actuelle.
La scène est statique et pourtant tout y semble léger, frissonnant sous le souffle de Zéphyr : les roses qui tombent, l'écume des vagues, le voile que tient la déesse sur la droite. C'est l'instant parfait, un charme qu'il ne faut pas briser ...


La naissance de Vénus



Sandro Botticelli est désormais au sommet de sa gloire, admiré par ses pairs, travaillant sans relâche.
En 1489, il peint l'une des plus belles annonciations, pourtant nombreuses, à toutes les époques. Tout se joue dans les gestes, Marie, le regard modestement baissé a un geste gracieux, comme une prière muette, vers l'Ange agenouillé, qui lève les yeux vers elle, avec un regard éperdument admiratif et un geste de bénédiction, plein de bonté, qu'il sent presque inutile, puisque c'est ELLE.
L'Annonciation


En 1493, avec la Madone à la grenade, il nous offre une autre Vierge émouvante, mélancolique, aux traits purs et déliés, entourée d'anges. Probablement encore Simonetta.


Madone à la grenade – détail


Outre les scènes bibliques et mythologiques, il peint toujours des portraits, dont en 1495 un portrait de Dante, dont il s'est mis en tête d'illustrer en partie L'Inferno. Les illustrations disparurent jusqu'au XVIIe siècle et ne furent pas retrouvée en totalité.


Dante


Les dernières années de Sandro Botticelli furent assombries par l'arrivée à Florence du moine Savanarole, qui fanatisa les foules et provoqua une véritable crise politique et religieuse dans la cité. Il organisa une véritable chasse aux beaux objets et aux tableaux profanes. Botticelli fut contraint de porter lui-même certaines de ses œuvres au bûcher. A partir de ce moment là, il ne peignit plus de nus féminins.
Savanarole a déstabilisé Florence, vouée à la beauté et aux arts, en condamnant les vanités, les bijoux, les livres, la musique, les objets précieux et le fait que les riches florentins se fassent représenter dans des tableaux à sujet religieux. Tout est soudain devenu sujet infâme. Le fait qu'une peste arriva à Florence à ce moment là, ne fit que monter le fanatisme d'un cran. Finalement, c'est le pape lui-même qui fera arrêter, torturer et pendre Savanarole, comme hérétique, mais Florence et ses artistes ont été durement touchés par cette parenthèse, dans le pouvoir des Médicis.

A partir de 1500, Botticelli décide de représenter la vie du premier évêque de Florence, Saint Zénobie en quatre tableaux, qu'il fera achever par son atelier, car devenu infirme, à partir de 1504, il ne peut plus peindre. Il laisse inachevée une "Adoration des Mages", et meurt en Mai 1510 dans la maison de la Via della Porcellanna, où il aura travaillé toute sa vie, en étant reconnu comme le plus grand peintre de son époque.

SW

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