samedi 17 décembre 2011

Cioran , Sur une civilisation essoufflée :Décadence de l'Occident, vacuité vaine, mais la Musique !!!



Cioran :   la  tentation  d'exister  
  chapitre  2 
  Sur une civilisation  essoufflée
(Sur la  décadence  de l'Europe )



Leonardo  Da vinci La  bataglia  d'Anghiari


Angleterre  France Allemagne   ....
Celui  qui  appartient   organiquement   à une  civilisation ne saurait identifier  la nature  du  mal  qui   la mine  . Son  diagnostic ne  compte  guère ; le jugement  qu'il porte  sur elle  le  concerne ; il la ménage par  égoïsme.

...Devant l'accumulation  de leurs  réussites,  le pays occidentaux n'eurent pas  de peine   à  exalter l'histoire, à  lui  attribuer une signification   et  une  finalité . Elles leur  appartenait  , ils en  étaient les  agents  ...Aussi la placèrent-ils  tour à  tour  sous le patronage   de la Providence,  de la  Raison  et   du  Progrès..  

Sur la musique 

Si , dans   l'ordre   de l'esprit,  nous  voulons  peser   les  réusssites depuis la Renaissance jusqu'à  nous, celles  de la philosophie ne nous  arrêteront pas ,  la philosophie  occidentale ne  l'emportant  guère  sur la  grecque,  l'hindoue ou  la  chinoise. Tout au  plus les  vaut-elle  sur  certains  points. Comme elle ne représente qu'une  variété de l'effort philosophique  en  général , on  pourrrait ,  à la rigueur  , se passer  d'elle  et lui  opposer les méditations   d'un  çankara, d'un  Lao-Tse , d'un Platon . Il  n'en  va pas  de même pour la musique, cette  grande  excuse  d'un monde moderne,  phénomène  sans parallèle dans   aucune  autre   tradition  :  où trouver  ailleurs  l'équivalent d'un Monteverdi ,  d'un Bach ,  d'un Mozart  ?  C'est par elle  que  l'Occident révèle sa physionomie   et  atteint  à  la profondeur .S'il  n'a  créée  ni  une  sagesse ,  ni  une métaphysique  qui lui  fussent  absolument propres ni  même  une  poèsie  dont  on  pût  dire  qu'elle  est  sans  exemple, il  a  projeté en  revanche  dans   ses projections musicales,Toute sa  force  d'originalité, sa  subtilité , son  mystère et  sa  capacité d'ineffable. Il  a pu aimer  la  raison  jusqu'à  la perversité;  son  vrai  génie   fut  porutant un génie  affectif.  Le mal   qui l'honore le plus ? L'hypertrophie  de  l'âme.
Sans la musique, il n'eut produit  qu'un  style de  civilisation  quelconque, prévu.... S'il  dépose  donc son  bilan , elle  seule  témoignera qu'il ne s'est pas gaspillé en  vain,  qu'il   avait vraiment  quoi perdre  .




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