mercredi 23 mars 2011

Melancolie / Malinconia (2) Steiner/ Schelling, Mendelssohn

Perlman and Barenboim-Mendelssohn Concerto E Minor(1)





On n'échappe pas  à la  Mélancolie !

Caspar David  Friedrich  Moine  au bord  de la mer

Telle est la tristesse inséparable de toute vie finie, […] une tristesse […]qui jamais ne devient effective et sert à donner la joie éternelle de la surmonter. De là viennent le voile d’affliction qui s’étend sur toute la nature, la mélancolie profonde et inaltérable de toute vie.
Il n’y  donc de vie qu’en la personnalité : or toute personnalité repose sur un fond obscur, qui doit aussi servir de fond à la connaissance.

(Schelling, De l’essence de la liberté humaine) 

 
Schelling parmi d’autres , attache à la vie humaine une tristesse foncière, inéluctable. Plus particulièrement, cette tristesse est le fond obscur auquel s’ancrent la conscience et la connaissance. Et ce fond obscur doit être en vérité la  base de toute perception, de tout processus mental . La pensée est rigoureusement indissociable d’une « inaltérable et profonde mélancolie. ». La cosmologie actuelle offre une analogie à la croyance de Schelling. Celle du « bruit de  fond », des longueurs d’onde  cosmique fuyantes mais incontournables, qui  sont les vestiges du Bing Bang », de l’avènement de l’être.  Dans toute pensée selon Schelling, ce rayonnement primitif, de cette » matière obscure »,  est une tristesse , une affliction (Schwermut),  qui est aussi créatrice. L’existence de l’homme, la vie de l’intelligence signifie une expérience de cette mélancolie et la capacité vitale de la surmonter . Nous sommes pour ainsi dire créés « attristés ». Dans cette notion,  il y a sans conteste, ou presque, le « bruit de fond » des relations bibliques, causales, entre l’acquisition illicite du savoir, de la discrimination analytique, et le bannissement de l’espèce humaine de toute innocente félicité.  Un  voile de tristesse (tristitia) recouvre le passage, si positif soit-il, de l’homo à l’homo sapiens.  La pensée est porteuse d’un legs de culpabilité.
[…] Nous pouvons l’espace d’un instant retenir notre souffle. Que nous puissions retenir  notre pensée  est loin d’être évident…[…] . La  vraie cessation de pulsation de la pensée  … c’est la mort.
D’où l’idée en partie gnostique, que Dieu seul peut se détacher de sa  propre pensée en un hiatus essentiel à l’acte de création.
Mais revenons  à Schelling et à l’affirmation qu’une tristesse nécessaire, un voile de mélancolie  s’attache au processus  même de la pensée, à la perception cognitive. Pouvons-nous essayer d’en éclaire quelques raisons ?  sommes-nous en droit de demander pourquoi  la pensée  humaine ne devrait être joie ?








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